Pose du 1° anneau 160kg – 110kg

D’autant que nous venions de rencontrer plusieurs chirurgiens avec mes parents pour me poser un anneau. Donc il fallait vraiment que je revienne près de ma famille pour vivre cette épreuve et rencontrer ma 2° petite sœur qui venait de naître. Une petite Priscilla, vint apporter du bonheur dans cette année si difficile pour mes parents qui traversaient de véritables épreuves professionnelles.

Nous sommes alors en juillet 1998, j’ai 16 ans et j’approche les 170 kg. Notre équipe de France de football vient de passer les quarts de finale, je suis hospitalisé en post-opératoire pour vérifier que tout vas bien avant le grand jour de l’opération. Toute une batterie d’examens me font passer quelques jours à l’hôpital, notamment le soir de la demi-finale France/Croatie. J’ai obtenu l’autorisation de faire venir mes 2 frères et mon père pour regarder le match dans ma chambre d’hôpital. Autant vous dire que ce fût un grand moment familial ! Les pauvres infirmières ont dû revenir une dizaine de fois pour nous demander de nous calmer et surtout nous rappeler que nous étions dans un hôpital et qu’il fallait faire moins de bruit… j’en ri encore !

Après ce match d’anthologie ils sont partis tous les trois faire la fête dans le centre-ville de Lyon. 

Au moment où j’écris ces lignes nous sommes le 12 juillet 2018, 20 ans après et dans 4 jours les bleus vont affronter les croates en finale de la Coupe du Monde, autant vous dire que les souvenirs reviennent en fanfares.

Puis viens le dimanche 12 juillet 1998, je fais mon entrée à la polyclinique de Rilleux la Pape, je vais devoir regarder la finale tout seul dans ma chambre d’hôpital. Mes frères sont partis en camp scout, mon père est chez des copains pour ce grand match et Maman est à la maison pour que son fils aîné puisse la joindre à tout moment!

Et oui c’est pas le tout que les bleus affrontent le brésil, mais le lendemain c’est le jour le plus important de ma vie… Je vais enfin me faire opérer et pas d’une petite fracture… non on me pose un anneau autour de l’estomac, je serai alors le plus jeune mineur sur qui on posera un anneau gastrique.

Et là les bleus vont me faire le plus beau des cadeaux, me donner le moral pour passer cette épreuve vraiment délicate. Je me souviens encore avoir appelé maman à chaque but, autrement dit 3 fois 🙂 Quel souvenir mémorable !!! chacun se rappelle 20 ans après où nous étions et avec qui !

Le lendemain matin je fanfaronnait moins… une véritable boule de stress, avec une seule trouille au ventre celle de ne pas me réveiller, et j’aurai cette peur avant chaque opération durant toute ma vie.

Les infirmières viennent me donner un petit médicament pour me calmer en post-opératoire puis c’est le black-out, je me réveille tant bien que mal l’après-midi avec la peau qui tirait tout mon corps, le ventre gonflé de la cœlioscopie et la sensation qu’on m’a coupé la faim… J’allais manger de la soupe, de la compote et de la glace les 2 mois suivant.

Après un réveil difficile, je me rends compte que certaines choses ont changé physiologiquement… Je passe mon temps à éructer (des rots réguliers et forts) Je me dit que c’est suite à l’opération et que cela va passer… Mais non tant que l’anneau sera serré comme il l’était alors mon estomac devra s’exprimer.

Le premier repas après l’opération est le plus frugal que j’ai jamais fait, la moitié d’un bouillon de légume va me rassasier pour les 24 prochaines heures. Et la douleur est telle que je ne suis pas pressé de réessayer de manger. Il me faudra plus d’une semaine pour atténuer la douleur à chaque gorgée. Retour en enfance, obligé de manger de la soupe à chaque repas ainsi que compote, purée, petits pots de bébé et glace. Bref la gastronomie c’est finie. 

Juillet et Août me permettront de m’habituer à ce nouveau mode de vie, ou pas…

En effet, se nourrir et devenu une tâche vraiment ardue. J’arrivais à manger des biscottes et voilà que le chirurgien décide de serrer l’anneau une 1° fois.

Je ne me souvient plus à quel point il était serré, la seule chose dont je me rappel c’est qu’après ça j’ai renvoyé l’ensemble de mes repas. Incapable d’avaler quoique ce soit sans finir aux toilettes. A tel point que la première chose que je faisais en rentrant dans un restaurant était de repérer les toilettes.

Vomir allait faire partie de mon quotidien…

Cette année là, je rentrais au Collège de mon village, avec mon petit frère Valentin qui était en 4° et moi qui redoublait ma 3°. Ma classe était sympa, je me souviens m’être fait de très bons amis que je fréquente encore aujourd’hui. Je me rappelle même que cette année je me suis fait élire délégué des délégués , autrement dit je représentais l’ensemble des élèves auprès du CPE et du Proviseur, et que j’assistais les élèves lors des conseils de discipline. Ayant déjà mon brevet j’avais le temps de gérer ces premières responsabilités.

Cette expérience m’a apporté confiance en moi à l’époque et m’a permis d’apprendre à m’exprimer en public.

D’autant que les épreuves continuaient cette période-ci, mon anneau me jouait des tours régulièrement, je vivais un véritable enfer au niveau de la nourriture et de chacun des repas. Je me souviens même avoir été pris d’un malaise en classe à cause de l’odeur d’un chewing-gum que mangeait mon voisin.

Ce fût la première année où je me retrouvais régulièrement à l’infirmerie.

Entre-temps il y avait quand même du positif… Je commençais à maigrir, je voyais vraiment la balance descendre. En même temps vu ce que j’avalais réellement, heureusement que c’était efficace sur le poids. J’étais juste épuisé en permanence… J’en ai pris des coups de Cahier de Texte de la classe sur le crâne alors que je m’endormais en cours.

Encore une fois je n’ai que peu de souvenir de cette année là. La seule chose dont je me rappelle parfaitement c’est l’été suivant un an après la pose de l’anneau.

J’étais en vacances à Magescq, petit village des Landes chez mes grands parents. Une belle maison landaise, avec un grand jardin, et une belle piscine sous les pins. J’ai perdu 45 kg en ce début Août, je peux remonter sur un vélo, faire du sport, bref revivre. Et là mes frères me rejoignent en vacances après leur camp scout. 

Par une belle journée d’été, je me décide à les emmener faire une promenade à vélo pour leur montrer que je peux enfin faire du vélo avec eux. Je suis si heureux et si fier d’en être là. Eux aussi d’ailleurs. Nous partons alors tous les trois sous les pins, je n’avais pas fait 500m que je me retrouve dans “une mare de sable” ne sachant comment réagir dans cette situation j’ai malheureusement donné un gros coup de pédale et me voilà projeté par dessus le vélo faisant un soleil pour finir couché sur le sol, le bras droit sous mon corps, disloqué, hurlant de tout mon saoule. Mes frères en panique partirent chercher les parents et les pompiers. Ils venaient de loin (ils ont du mettre 30 minutes à arriver). Bien qu’ayant perdu 45 kg j’en faisait toujours 120, il fallait donc du monde pour me soulever…

Me voici donc chargé à l’arrière de l’ambulance direction l’hôpital de Dax à 25 min de là où je me trouvais, je ne vous cache pas que le trajet fût très long et douloureux.

Une fois à l’hôpital, j’apprends que j’ai une double fracture du bras et de l’épaule, et qu’on va me poser deux broches dans le bras du coude à l’épaule. Je dois donc rester alité 4-5 jours le temps que je puisse sortir de l’hôpital. Tout ce temps j’étais sous perfusion pour l’alimentation.

Puis on me laisse rentrer chez mes grands parents. Mais à partir de ce moment là les choses ont mal tournées.

1° jour de retour chez mes grands parents, impossible de manger ni même de boire, aucune envie… Le lendemain, l’envie arrive enfin, mais même une goutte d’eau me rend malade, je ne peux plus rien avaler. 24h passe pensant que l’accident m’a abîmé l’estomac et que je dois être patient. Sauf qu’au bout de 72H je n’ai toujours rien avalé, ni eau ni nourriture, mon grand père me vois maigrir à vue d’œil et commence à être énervé de voir son petit fils dans cet état, d’autant qu’il fait tout ce qu’il peut pour améliorer mon confort mais que rien n’y fait. Ma mère décide donc d’appeler le chirurgien qui m’a posé l’anneau. Celui-ci nous envoie alors à l’hôpital de Dax pour qu’ils me desserent l’anneau. 

Sauf que voilà à cette époque, les radiologues et autres chirurgiens de Dax n’ont JAMAIS vu d’anneau gastrique, ne savent ni comment cela fonctionne ni comment l’ouvrir. Heureusement j’ai bien enregistré le procédé du radiologue et l’explique alors au radiologue et au médecin de Dax, ils vont alors essayer d’ouvrir l’anneau sauf que cela ne changea rien. Au bout de 24H le chirurgien de Lyon décide alors de me faire évacuer en urgence par avion. 

Je pars donc de Biarritz où je suis attendu, une banquette spécifique m’attend dans l’avion. Le vol est court (Ma Mère m’accompagne pendant que mon père emmène mes autres frères et sœurs en Bretagne) une fois à Lyon une ambulance m’attend pour m’emmener à la polyclinique en vue d’une intervention.

Je resterait plus de 8H sur la table d’opération. Forcément endormi, je ne me rend compte de rien. Mais ma pauvre maman attend patiemment en récitant toutes les prières de la terre dans l’espoir de revoir son enfant. 

Le soir même je suis reconduit à ma chambre complètement ensuqué, ne sachant ce qu’ils ont pu faire et sous pompe à morphine tellement la douleur était intense.

Le lendemain matin, ça va un peu mieux pour moi jusqu’à l’annonce du médecin : 

“Votre estomac était si abîmé que nous avons du enlever votre anneau”

Je me rend alors compte qu’une année entière vient de s’écouler mais que tout sera à refaire. Je m’effondre en larme dans les bras de Maman qui n’en mène pas large non plus car elle sait ce qui m’attend, elle sait qu’une année a été perdu en moins de quelques jours. Et elle n’en peux plus de voir son fils souffrir… Cela fait plus de 15 jours que je suis hospitalisé entre mon accident et cet anneau qui a “glissé”

En effet, durant mon accident de vélo, l’anneau qui était mal attaché à l’estomac, a glissé vers le bas et de fait à plier l’estomac en deux. Raison pour laquelle je ne pouvais plus rien avaler pas même une goutte d’eau.

Sauf que là, après 15 jours de soins intensifs, les infirmières n’arrivent plus à me prélever de sang, en une journée la moitié du service va me passer dessus pour essayer de me piquer en vain… puis vient alors l’anesthésiste, qui va alors s’acharner sur moi durant 1h, non seulement en vain mais en plus, en terminant, se dispute avec ma mère lui disant que son fils est une chochotte. (intelligent comme discours surtout après 15 jours d’hospitalisation à souffrir comme ce n’est pas permis).

“Non mon fils n’est pas douillet !!! Vous allez tout de suite vous excuser auprès de mon enfant! “

Je crois que c’était la première fois que je voyais ma maman prendre ma défense. Quelle fierté ce jour là !!!

Tout ceci pour finir par un mini aller retour au bloc opératoire afin de me poser une voie ouverte. Comme s’ils n’avaient pas pu la poser le jour du retrait de l’anneau.

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