Pose 2° anneau gastrique – 190kg

Après ces 15 jours vraiment endurant et éprouvant nous allions enfin pouvoir retrouver mon père, mes frères, ma petite Jade et ma nouvelle petite soeur qui a juste un an, en Bretagne, pour finir les vacances.

Maman m’offre alors la 1° classe dans le TGV pour les rejoindre “tu l’as bien mérité”. Pour l’époque c’est une luxe de voyager en première.

Toujours le bras en écharpe et ce pour un bon moment, nous retrouvons notre belle famille. 

Je revit doucement, je réapprend à manger doucement puis malheureusement moins doucement, me retrouve alors en internat pour mon année de seconde à Lyon aux Lazaristes. Malgré les 200 marches que j’allais devoir monter tous les jours, je vais reprendre les 45 kg que j’ai mis un an à perdre et ce en moins de 3 mois. Fin Novembre me voici à 165kg et les ennuis vont recommencer. 

Une nouvelle école, de nouveaux amis et un groupe en particulier : découverte d’une association qui part en Côte d’Ivoire une fois par an pour venir en aide aux enfants de la rue à Abidjan. Je décide alors de m’engager dans cette association. Ceci m’ouvrira alors beaucoup de portes dans cette école où je ne connais personne.

Pour ceux qui ne connaissent pas Lyon, “Les Lazaristes” est une école privée catholique placée sur la colline de Fourvière qui va de la maternelle aux classes supérieures. Le bâtiment est tellement grand qu’il remplit presque la moitié de la colline de ce côté là…

Cette seconde électrotechnique, va s’avérer bien compliquée pour moi, non pas que je n’aime pas le dessin industriel, mais les machines outils je n’y comprenait rien du tout. Et surtout je n’était vraiment pas attiré par ce genre de job. Mais cette association me motivait tellement que j’ai fait de mon mieux, ne serait-ce que pour passer en 1ère.

Cette année de pensionnat ne m’a que très peu apporté, je n’en ai pas un souvenir impérissable… Mais j’y ai rencontré ce groupe d’amis, tous portés par le partage et l’envie de soutenir ces enfants de la rue. Je trouvais pour une fois un véritable centre d’intérêt qui allait me suivre jusqu’à ce jour : l’envie d’aider mon prochain…

Et des personnes formidables allaient rentrer dans ma vie : 

La première ce fût Audrey, je ne sais plus si je suis tombé amoureux d’elle quand elle est rentré dans la classe pour nous présenter l’association ou bien lors de la première réunion. En tout cas j’allais lui courir après plus de 2 ans et comme souvent sans aucun résultat… (comme d’habitude…)

Mais partir en mission humanitaire avec elle serait un des plus beau cadeaux de cette époque. Puis ce fût le tour de Frère André Pierre (un laïc consacré), frère des écoles chrétiennes qui enseignait et vivait aux Lazaristes comme beaucoup d’autres membres de cette communauté des lassalliens bien présentes sur la colline de Fourvière. Et enfin vinrent les autres membres de l’association : Paulo, Benji, Vic, Simon dit Bouba, Gauthier et tous les autres. Durant cette année scolaire, je me suis vraiment impliqué dans la vie de cette association à travers des actions hebdomadaires voir quotidiennes puisque nous vendions des pâtisseries à la récréation dans l’école afin de financer notre départ en Côte d’Ivoire.

Sauf que voilà comme les médecins l’avaient prévu, mon poids ne fit que monter, pas loin des 185kg, et j’eu l’interdiction de la part des médecins de partir en Afrique. Imaginez ma déception, moi qui préparais ce séjour depuis 10 mois… devait laisser mes amis partir entre eux. Quelle tristesse pour moi d’autant plus que je savais que je ne resterais pas dans cette école, il allait donc falloir s’organiser pour partir avec eux l’année suivante.

Mais vous l’aurez sûrement compris quand quelque chose me plaît, je me bats pour l’obtenir.

Et la médecine allait m’offrir ce répit tant attendu… Mais ça je ne le savait pas encore.

Fin des vacances d’été (Août 2000) étrangement je n’ai aucun souvenir de ces vacances ce qui allait arriver à dû écraser tous ces souvenirs….

Rencontre avec un nouveau chirurgien, presque 210kg, de plus en plus handicapé, incapable de monter un escalier, je n’arrive même plus à lacer mes chaussures le matin, j’arrive à 82 en tour de taille de pantalon soit presque 164 cm de tour de taille… Honnêtement je ne me regarde plus dans la glace le matin, depuis bien longtemps… “Cette bête horrible et flasque : ça ne peut pas être moi” en tout cas c’est l’image que vous m’avez renvoyé durant toutes ces années… Oui j’ai bien dit “VOUS”, vous qui êtes en train de lire ces lignes, vous qui ne pouvez vous empêcher de juger les autres sans les connaître, vous qui faîtes des généralités en permanence, Vous mesdames qui regardez tout être humain sortant du lot comme un extra-terrestre répugnant, Vous messieurs qui vous croyez supérieur aux autres sous prétexte que vous avez été plus gâté par la nature que certains autres, Vous mesdemoiselles qui vous croyez agressée dès qu’un homme essaye de vous aborder et ce ne serait-ce que pour vous inviter à danser.

Vous allez me dire “qu’est ce que tu en as à faire, tu ne peux pas danser?” à l’époque certes oui, mais aujourd’hui avec presque 100 kg de moins je ressens toujours ces regards lourds et presque insultants sur moi. Vous retrouverez une anecdote plus tard qui me fera dire : Combien va-t-il falloir que je perde de kilos pour qu’on me regarde sans voir un monstre? Quand va-t-on m’aimer pour ce que j’ai dans mon coeur et non pour mon physique (qui aura sûrement bien changé dans 20 ans…) ?

Comme vous le savez, je prend du temps pour écrire ce livre, les premières lignes ont été écrites il y a presque un an et je peux vous garantir qu’elle a été chargée cette année 2018 mais toujours pas en sentiments amoureux…

Revenons à nos moutons, j’approche les 210 kg et je dois impérativement trouver une solution sinon

 “il vous reste 3 mois”

Lorsque le docteur vous balance cette phrase, disons que cela fait vraiment peur et réfléchir. Que faire? 

Nous somme en 2001, la technologie est en plein boom et les solutions pour maigrir existent mais laquelle choisir?

Remettre un anneau, poser des agrafes sur l’estomac, Réduire l’estomac, faire un By-Pass…. 

Ce n’est pas le  Loto là c’est mon avenir! et je n’ai pas encore 20 ans. 

Je fais donc un choix : celui de la sécurité et de la réversibilité.

La seule opération chirurgicale qui est réversible étant l’anneau gastrique je choisis de m’en refaire poser un. Mais dans une clinique plus proche de chez mes parents et surtout avec un autre chirurgien plus compétent.

Le docteur L, un homme en fin de carrière, très rassurant, ayant une façon de vous présenter les choses de manière très professionnelle, m’a convaincu immédiatement de m’opérer avant la Toussaint. Je me sentais totalement en confiance. Et c’est peu dire après ce que je venais de traverser…

Dernier week-end avant l’opération, le docteur m’avait demandé d’aller me faire un bon restaurant avant ce grand jour, et d’en profiter une dernière fois. Il avait bien raison… ce repas m’a motivé au long des 18 années qui allaient suivre. Vous êtes en train de vous dire que j’étais vraiment obsédé par la bouffe… Peut-être, mais lorsque vous savez que c’est votre dernier repas normal avant très très très longtemps et bien disons qu’on en profite un peu. L’entrecôte que j’allais manger ce jour là serait la dernière avant 17 ans et demi. Et lorsqu’on est un viandard comme moi, il a fallu faire un gros travail pour palier à ce manque.

Vous connaissez l’expression “se taper la cloche” et bien disons que par ce beau dimanche d’Octobre, y’a pas que l’entrecôte à qui j’ai fait sa fête, lorsque le plateau de fromage sur 2 étages est arrivé, disons que j’ai apprécié, je n’ai pas le souvenirs d’avoir abusé ce jour là mais plutôt d’avoir dégusté des produits que je ne mangerai plus.

Les réjouissances étant terminées, il fallait se rendre à la clinique pour l’opération qui avait lieu le Mercredi 31 octobre. 

Vient alors le grand jour, 

“Bonjour Monsieur Daniélou, vous allez avaler cette petite pilule avant d’aller en salle d’opération” 

Qui n’a pas entendu cette phrase de l’infirmière avant de partir au bloc?

Je savais alors, que la machine était lancée, j’étais particulièrement stressé à l’idée de ne pas me réveiller, (chose étrange, au moment où j’écris ces lignes, je suis dans le même état de stress car je repasse sur le billard dans quelque jours pour l’opération inverse et je crains exactement les mêmes complications)

Me voici à l’entrée du bloc, puis installé sous tous ces projecteurs (en même temps ne vas tu pas devenir la star du bloc durant les prochaines heures? Tu as bien le droit à quelque projecteurs… On se rassure comme on peut dans ces moments là)

Puis l’infirmière me pose le masque sur le visage et me demande de compter jusqu’à 10 : 

Un…

Deux…

“Où suis-je? – Pourquoi j’ai mal comme ça au niveau du ventre? et de l’estomac? D’un seul coup, une douleur phénoménale me prend à l’estomac et une nausée très puissante me déclenche presque des spasmes, l’infirmière arrive en me tendant la pompe à morphine dans la main. 

“Vous avez le droit d’appuyer dessus quand vous avez mal”

J’appuie un petit coup sur la télécommande, rien sur le coup puis 2 minutes après je sent comme un liquide magique traverser mon corps et faire s’enfuir la moindre des douleurs. Jusqu’à ce qu’elle revienne et que je recommence…

Au bout de quelques heures les douleurs s’estompent, et je suis renvoyé dans ma chambre. Bizarrement à ce moment là je n’ai plus du tout envie de manger (pour la 1° fois de ma vie je ne pense pas à la bouffe.)

La machine à rots est réactivée… des douleurs de digestion commencent à arriver, j’essaie de boire, obligé d’y aller presque au goutte à goutte… Il va falloir que je me réhabitue à ce corps étranger.

Pour les premiers jours ce sera compote et purée, et cela ne changerait plus durant des années mais je ne le savait pas encore…

Fini la bonne tranche de pain grillé beurré du petit déjeuner! “Comment ça fini? qui a dit que c’était fini?? Pas moi en tout cas” 

D’autres produits comme celui-ci allaient s’avérer être interdit ou du moins vraiment déconseillé. 

Mais j’étais têtu, mon pain grillé le matin, il est hors de question que je m’en passe, les bonnes lasagnes de la cuisinière, pourquoi ça ne passerait pas dans l’anneau faut bien essayer, j’ai mangé un pilon de poulet, j’ai plus faim, mais la cuisse elle m’attire bien ! 

Voilà toutes ces phrases contre lesquelles j’ai dû me battre durant 5 ans minimum. 

Sauf que je suis faible et j’ai attendu 5 ans pour combattre ces pulsions, durant 5 ans et bien j’ai continué à manger tout en sachant que j’irai vomir après, mais au moins le goût était là.

Et oui chers lecteurs et lectrices, j’ai inventé la 3G avant qu’elle n’existe : Gros Gourmand et Gourmet (ça n’a pas changé je vous rassure hormis le 1er qualificatif, je ne me considère plus comme un gros)

Sauf que cette obsession pour ces plats que j’affectionne particulièrement, va finir par me ruiner les dents, et oui, lorsque l’on vomit 4 à 5 fois par jours durant des années, cela fini par vous détruire le dentier… mais j’y reviendrai.

Deux mois après l’opération j’ai déjà perdu 15kg, forcément quand on ne mange plus rien… ça aide à maigrir rapidement.

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